
Type : Album studio
Artiste : Gary Moore
Sortie : 2 septembre 1985
Label : 10 Records / Virgin
Producteurs : Peter Collins, Andy Johns, Beau Hill, Gary Moore
Durée : 43:16
Genre : Hard rock, rock mélodique, heavy metal, AOR
Studios : Sarm West, Townhouse, AIR Studios, Music Grinder Studios
La Chronique:
En 1985, Gary Moore publie Run for Cover, un album décisif qui marque un tournant dans sa carrière.
Après avoir oscillé entre le hard rock, le jazz fusion, le blues et le heavy metal, le guitariste nord-irlandais trouve ici un juste équilibre entre puissance, mélodie et émotion.
Plus abouti que ses précédents efforts solo, plus accessible aussi, Run for Cover pose les fondations d’une reconnaissance internationale pour un artiste en quête d’identité.
Ce disque n’est pas seulement un exercice de virtuosité c’est un album personnel, intense, et traversé d’éclairs de génie, sur fond d’interrogations existentielles et de riffs acérés.
Ce qui frappe d’emblée avec Run for Cover, c’est la diversité des voix. Gary Moore, bien que chanteur capable, confie une bonne partie des morceaux à Glenn Hughes (ex-Deep Purple), dont la voix puissante et soul éclaire littéralement les titres “Reach for the Sky” et “Nothing to Lose”.
Il retrouve aussi Phil Lynott, son frère de cœur et d’armes (Thin Lizzy), sur “Military Man” et la magnifique version retravaillée de “Out in the Fields”, véritable hymne sur la guerre civile nord-irlandaise.
Ce duo posthume – Lynott décèdera quelques mois plus tard – résonne aujourd’hui comme un chant du cygne poignant, porté par une guitare flamboyante et une tension dramatique rare.
Ce morceau reste l’un des sommets de la carrière de Moore, tous genres confondus. Gary Moore, comme toujours, brille par son jeu. Son phrasé unique, mélange de technicité, de feeling et de fureur, est partout.
Sur “Run for Cover”, “Empty Rooms”, ou “Once in a Lifetime”, il alterne riffs massifs et solos célestes avec une maîtrise bluffante.
Mais Run for Cover n’est pas un simple album de guitar hero : c’est un disque de chansons, avec des refrains mémorables, des arrangements soignés, et une production moderne pour l’époque, signée Peter Collins et Andy Johns.
Mention spéciale à “Empty Rooms”, ballade rock poignante déjà présente sur l’album Victims of the Future (1983), mais ici retravaillée dans une version plus douce et introspective, qui deviendra l’un des grands classiques de son répertoire.
Run for Cover a le mérite de combiner la densité émotionnelle et la portée commerciale. L’album se vend bien, notamment grâce au succès de “Out in the Fields” dans les charts UK (Top 5) et à une tournée très bien reçue.
Gary Moore, encore souvent perçu à l’époque comme un “guitariste pour musiciens”, touche enfin un public plus large.
Le disque sonne toujours frais aujourd’hui : ni trop daté dans ses synthés, ni trop démonstratif dans ses solos.
Il s’agit là d’un album de transition vers l’apogée de sa carrière, qui culminera quelques années plus tard avec Still Got the Blues.
Run for Cover est bien plus qu’un album de hard rock des années 80. C’est un disque profondément humain, qui alterne moments de bravoure électrique et instants d’introspection désarmante.
Gary Moore y déploie tout son arsenal émotionnel, tout en nous offrant certaines de ses plus belles compositions.
C’est aussi un hommage vibrant à Phil Lynott, et une œuvre qui prouve que la virtuosité, quand elle est sincère, peut émouvoir autant que bouleverser.
Doc Olivier
1. Run For Cover (4:13)
2. Reach For The Sky (4:46)
3. Military Man (5:40)
4. Empty Rooms (4:17)
5. Out In The Fields (4:17)
6. Nothing To Lose (4:41)
7. Once In A Lifetime (4:18)
8. All Messed Up (4:52)
9. Listen To Your Heartbeat (4:31)