Paru le 9 novembre 1985, produit par Spencer Proffer et Carmine Appice

En 1985, la vague glam metal déferle sur Los Angeles. Mötley Crüe, Ratt, Dokken ou Quiet Riot règnent sur les radios et MTV. C’est dans ce contexte que le légendaire batteur Carmine Appice (ex-Vanilla Fudge, Cactus, Blue Murder) décide de fonder un nouveau groupe : King Kobra.
Son idée : réunir de jeunes musiciens blonds, au look accrocheur, pour conjuguer puissance instrumentale et esthétique typiquement 80’s.
Il s’entoure ainsi du chanteur Mark Free, d’une voix puissante et androgyne, du bassiste Johnny Rod, et du tandem de guitaristes David Michael-Philips et Mick Sweda.
Sous la houlette du producteur Spencer Proffer (responsable du succès de Metal Health de Quiet Riot), le groupe entre en studio pour donner naissance à Ready to Strike, un disque calibré pour l’époque, à mi-chemin entre le hard mélodique et le heavy américain.
Dès la pochette, on sent la couleur : un serpent prêt à frapper, symbolisant un hard rock plein de mordant. Et musicalement, la promesse est tenue.
1. Ready to Strike
Un riff acéré, un refrain percutant, et un Appice impérial derrière les fûts : l’ouverture est redoutable. Le titre donne le ton et justifie à lui seul le nom de l’album. Le son est clair, tranchant, et la voix de Mark Free crève le mix.
2. Hunger
Le single phare, écrit à l’origine par Kick Axe pour la bande-son de Transformers – The Movie. Ici, King Kobra livre une version puissante et très accrocheuse. Les chœurs rappellent Def Leppard ou Autograph, avec un refrain qui colle instantanément à la mémoire.
3. Shadow Rider
Un morceau plus heavy, aux riffs sombres et à la rythmique solide. Appice montre tout son talent : groove, précision et puissance. Une chanson qui apporte un peu de profondeur à l’ensemble.
4. Shake Up
Mid-tempo énergique, taillé pour la scène. Le morceau aurait pu être un hit radio avec son refrain scandé et son solo typiquement « Sunset Strip ».
5. Attention
Sans doute l’un des titres les plus directs. L’énergie du hard US à son apogée : guitares nerveuses, batterie explosive, refrain immédiat. Une parfaite démonstration de la formule King Kobra.
6. Breakin’ Out
Chanson à la croisée du hard FM et du heavy. Moins marquante, mais techniquement solide, avec une belle interaction entre les deux guitaristes.
7. Tough Guys
Un hymne typique des années 80 : paroles clichées mais efficaces, tempo entraînant, et un solo flamboyant. Rien de révolutionnaire, mais l’efficacité prime.
8. Dancing with Desire
La ballade de l’album. Plus mélodique, elle met en valeur la voix sensible de Mark Free, capable de passer du rugissement au velours. Ce titre prouve que le groupe sait aussi jouer la carte de l’émotion sans tomber dans la mièvrerie.
9. Second Thoughts
Un morceau plus introspectif, avec une ambiance semi-mid-tempo. Il apporte une respiration bienvenue avant la fin de l’album.
10. Piece of the Rock
Final énergique, plus orienté hard mélodique. Pas le morceau le plus marquant, mais un bon point final pour un disque cohérent et sans baisse de régime majeure.
Le véritable atout du disque, c’est Mark Free. Sa voix, puissante, claire et pleine de nuances, donne une dimension supérieure aux compositions. Il impose une présence proche d’un Paul Shortino (Rough Cutt) ou d’un Lou Gramm (Foreigner), mais avec un timbre unique.
Les guitares de Philips et Sweda s’accordent à merveille : l’une plus tranchante, l’autre plus mélodique.
Quant à Appice, il délivre une performance de vétéran : carrée, inspirée, et pleine de groove. La production de Spencer Proffer est typiquement 80’s : sons clairs, guitares lustrées, batterie mise en avant, chœurs travaillés.
Si certains y verront une certaine froideur, d’autres apprécieront ce polissage qui rend l’album parfaitement accessible.
À sa sortie, Ready to Strike ne rencontre pas le succès espéré, malgré d’excellentes critiques dans la presse spécialisée. King Kobra souffre d’une concurrence féroce dans un marché saturé par les groupes glam de Los Angeles.
Mais avec le recul, cet album est devenu un petit classique du hard américain des 80’s : solide, inspiré, et emblématique de son époque.
Aujourd’hui, il est souvent cité parmi les disques injustement sous-estimés de la scène glam/hard, au même titre que les premiers albums de Keel ou Icon. Ready to Strike n’est pas une révolution, mais c’est un manifeste : celui d’un groupe de musiciens aguerris qui, dès leur premier album, prouvent qu’ils peuvent rivaliser avec les meilleurs.
Équilibre entre énergie brute et mélodie, production soignée et interprétation sans faille : tout y est.
Un must pour les amateurs de glam/hard rock des 80’s.
À (re)découvrir pour son énergie contagieuse et son charme vintage impeccablement assumé.

La note du Doc: 18/20.
Stay Tuned
Doc Olivier
