2. Atlantis (3:43)
3. White Witch (4:46)
4. Confused (2:51)
5. Sorcerers (4:14)
6. Gorgon (4:05)
7. Sweet Danger (3:05)
8. Free Man (4:43)
9. Angel Of Death (4:51)
10. Devils Tower (2:27)
En 1980, alors que la New Wave of British Heavy Metal explose dans les clubs londoniens, un album émerge avec une force aussi singulière que déroutante.
Angel Witch, premier opus du groupe du même nom, n’est pas seulement un disque fondateur : c’est une anomalie lumineuse, un météore sombre et mélodique qui tranche avec le paysage de l’époque.
Quarante-cinq ans plus tard, cette œuvre reste l’une des plus influentes de son mouvement, et peut-être la plus culte.
La fin des années 70 voit l’essoufflement du hard rock traditionnel. Black Sabbath décline, Deep Purple s’est séparé, Led Zeppelin vit ses dernières années.
L’industrie semble chercher sa nouvelle direction.
C’est alors que surgissent des groupes jeunes, affamés, souvent issus des quartiers ouvriers : Iron Maiden, Saxon, Diamond Head, Tygers of Pan Tang.
Cette vague, baptisée NWOBHM, remet la vitesse, l’énergie et la rugosité au centre du jeu. Angel Witch, formé en 1977, occupe immédiatement une position atypique dans ce mouvement.
Là où les autres groupes misent sur la fureur et l’héroïsme, Kevin Heybourne et sa bande choisissent l’ombre, l’occultisme, une mélancolie presque gothique.
Leur musique est plus noire, plus inquiétante, mais aussi étonnamment plus mélodique. Et c’est précisément ce contraste qui fera de leur premier album un classique absolu.
Enregistré en quelques semaines seulement, Angel Witch porte la marque des productions rapides et sans filet de l’époque.
La pression est intense, les moyens limités, mais Heybourne domine tous les aspects du projet : composition, direction artistique, guitare, chant.
L’album reflète cette vision unique : une fusion entre heavy tranchant, atmosphères occultes et refrains inoubliables.
À une époque où l’on cherche encore à définir le son de la NWOBHM, Angel Witch en propose une version parallèle, presque ésotérique.
Angel Witch Le titre d’ouverture est un choc. Riff saccadé, énergie pure, refrain devenu légendaire — l’un des plus entêtants du heavy metal. Heybourne impose d’emblée son univers : direct, inquiétant, presque théâtral.
Atlantis Changement de décor. On entre dans un registre plus épique, porté par des harmonies lumineuses. La pièce illustre à merveille la faculté du groupe à marier puissance et mélodie. On y retrouve les prémices d’un power metal encore en gestation.
White Witch Un autre sommet. Mystérieux, hypnotique, habité par une atmosphère sorcière. La guitare d’Heybourne y tisse des lignes subtiles, presque narratrices.
Confused Plus lente, lourde, presque doom avant l’heure. Cette pièce, à la mélancolie étrange, montre une facette plus introspective du groupe.
Sorcerers Ballade mystique, empreinte de magie et d’étrangeté. On y voit la sensibilité de Heybourne, compositeur plus sophistiqué qu’il n’y paraît.
Sweet Danger / Angel of Death Deux morceaux plus incisifs, plus agressifs. Angel Witch renoue ici avec le heavy pur, celui qui marque l’héritage des clubs londoniens.
Free Man Ballade dramatique, presque progressive, qui dévoile des émotions inattendues. Le contraste avec les titres plus sombres renforce l’impact de la chanson.
Angel Witch n’a pas eu la carrière fulgurante de ses contemporains. Le groupe connaît des séparations, des remaniements incessants, un manque de soutien de son label.
Un destin presque « maudit », à l’image de leur nom.
Quarante ans après sa sortie, Angel Witch demeure l’un des plus beaux paradoxes de la NWOBHM : un disque sombre mais lumineux, brut mais sophistiqué, direct mais inoubliable.
Un album qui n’a pas seulement résisté au temps : il l’a transcendé. Angel Witch restera pour toujours l’un de ces noms murmurés avec respect dans les cercles de passionnés, à la frontière entre le culte et la légende.
La note du Doc: 18/20.
Stay Tuned
Doc Olivier