👉 [Chronique] – Judas Priest – 50 Heavy Metal Years Of Music (2021) – Denis LabbĂ©.

4.4
(58)



Label: Sony

Afin de fĂȘter ses cinquante ans, Judas Priest vient de sortir cet imposant coffret contenant 42 CD, une sĂ©rie de photos signĂ©es Ross Halfin, un livre reprenant des photos, des affiches et autres articles sur le groupe, un facsimilĂ© du programme de la tournĂ©e British Steel, un de l’affiche de cette tournĂ©e et un autre de celle de Defenders Of the Faith ainsi qu’une reproduction en mĂ©tal de la lame de rasoir de la pochette de British Steel. Les fans sont gĂątĂ©s, le prix est Ă  l’avenant


Cette rĂ©trospective exhaustive sur la carriĂšre du groupe permet dĂ©jĂ  de se remettre tout en tĂȘte et de saisir l’évolution du groupe depuis le balbutiant Rocka Rolla, encore gorgĂ© d’influences psychĂ©dĂ©liques et de hard rock jusqu’à Firepower et son retour Ă  un heavy metal plus direct.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le groupe n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  explorer diffĂ©rentes voies, comme le prouvent ses expĂ©rimentations proches de Queen d’« Epitaph » sur Sad Wings Of Destiny, les longueurs planantes sur « Raw Deal » de Sin After Sin ou les angoissantes rĂȘveries  de « Beyond The Realms of Dead » sur Stained Class, qui ne sont pas sans rappeler Black Sabbath et qui ont Ă©tĂ© assez ouvertement pompĂ©es par les Français de High Power notamment.

Il faut avouer que les Britanniques en ont influencĂ© des groupes, Ă  commencer par Iron Maiden dont les premiers albums n’auraient sans doute pas existĂ© sans Sad Wings Of Destiny.

Mais le propos n’est pas lĂ  et les fans connaissent parfaitement les albums studios du groupe, ainsi que les albums officiels enregistrĂ©s en concert. Passons donc sur les incontournables Unleashed In the East et Priest
 Live! (mĂȘme si ce dernier est bourrĂ© de rĂ©enregistrements faits en studio). Moins connu, mais pas inĂ©dit ’98 Live Meltdown prĂ©sente la tournĂ©e rĂ©alisĂ©e avec Tim Owens.

Le concert est trĂšs heavy, la voix est un peu mixĂ©e en avant, mais l’ensemble tient la route, sans arriver Ă  la cheville des deux prĂ©cĂ©dents albums citĂ©s. On lui prĂ©fĂ©rera largement le Live in London, toujours avec Tim Owens ou le A Touch of Evil: Live, sur lequel on aurait bien voulu retrouver les bonus russes, japonais et l’inĂ©dit d’iTunes
 Cela aurait fait quatre morceaux de plus ce qui, vu le prix de la bĂȘte, n’aurait pas Ă©tĂ© du luxe.

Mais venons-en aux inĂ©dits. Tout d’abord, le Live in Atlanta de 82 dont la setlist est assez proche de celle du DVD Live Vengeance provenant de la mĂȘme tournĂ©e.

Le son est assez bon, mĂȘme si la batterie est parfois dĂ©sagrĂ©able. Quasiment tous les titres sont des classiques, ce qui permet d’entendre de jolies versions de « Heading Out the Highway », « Metal God » ou « The Ripper » ; alors que la version de « Devil’s Child » ne tient pas vraiment la route.

DĂ©jĂ  connues depuis quelques annĂ©es parce que le concert est sorti en bootleg, les bandes du Live at the Mud Club ’79 ont Ă©tĂ© bien restaurĂ©es et masterisĂ©es.

Le son y est meilleur que sur la version que j’avais dĂ©jĂ  Ă©coutĂ©e. On y dĂ©couvre « Rock Forever » et « Starbreaker » notamment, au cĂŽtĂ© de « Beyond the Realms Of Death », et de jolies versions de « Hell Bent For Leather » et « Victim Of Changes ».

Le choix des morceaux est étrange et Rob Hlaford semble étonnamment discret dans ses échanges avec le public.

Plus intĂ©ressant Ă  mes yeux est le double CD consacrĂ© Ă  la tournĂ©e Turbo que l’on retrouve grĂące Ă  ce Live In Houston ’86. Les puristes vont sans doute hurler en entendant ces guitares aseptisĂ©es, ces chƓurs presque FM et ces sonoritĂ©s Ă©lectroniques.

Pourtant, la production est Ă©norme, la setlist propose des chansons qui disparaĂźtront rapidement des concerts du groupe et des versions nouvelles de certains classiques. Mention bien pour « Out in the Cold » qui dĂ©marre la fĂȘte, « Locked In », que l’on redĂ©couvre en concert, l’excellente version de « Love Bites » et celle plus lourde qu’en studio de « Private Property ». Quant Ă  l’enchaĂźnement « Turbo Lover », « Freewheel Burning », il est de toute beautĂ©, avant que le final ne nous fasse dĂ©coller avec « Living After Midnight », « You’ve Got Another Thing Coming » et « Hell Bent For Leather ». Sans doute l’un des meilleurs concerts inĂ©dits de ce coffret.

Le suivant, Live In New Haven ’88, Ă©tait dĂ©jĂ  disponible en bootleg sous un titre assez proche mais amputĂ© de la fin du set. Le son est Ă©norme et, une nouvelle fois, ce concert permet d’entendre des morceaux assez rares comme « Some Heads Are Gonna Roll », « Come And Get It », « I’m a Rocker », « Heavy Metal » et « Ram it Down ».

Etrangement, le groupe ne jouait pas « Johnny B. Good » aux Etats-Unis, alors qu’il le faisait en Europe, notamment au Forest National oĂč je les ai vus sur cette tournĂ©e. Un regard intĂ©ressant portĂ© sur une pĂ©riode rĂ©volue du groupe.

Autre concert aisĂ©ment trouvable, Los Angeles ’90 n’offre pas un son irrĂ©prochable, mais permet de (re)dĂ©couvrir « Between the Hammer and the Anvil », « Better Than You Better Than Me » et « Leather Rebel » dans une set-list un peu Ă©trange.

Le groupe n’est pas au meilleur de sa forme. Certains soli sont approximatifs et la performance de Rob Halford est pour le moins limite sur des titres comme « Bloodstone » et « Grinder », alors que « Hell Bent For Leather » déçoit par son manque d’entrain. Sans doute le moins bon CD de ce coffret.

A l’inverse, le Live in London 81, qui se base sur l’enregistrement du 21.11.81 Ă  l’Hammersmith Odeon possĂšde un trĂšs bon son. Certaines versions tronquĂ©es de ce concert Ă©taient connues des fans, mais pas dans son intĂ©gralitĂ©.

« Heading Out Of The Highway » et « Desert Plains » sont ainsi présents par rapport aux différents bootlegs. Notons de belles performances sur « Metal Gods », « Hell Bent For Leather » et « Tyrant » qui clÎt ce concert.

En revanche, je déteste lorsque Rob fait chanter un public que le micro ne capte pas, ce qui coupe les refrains de « Breaking the Law » ou « Living After Midgnight ».

Le niveau retombe un peu avec Denver ’80, dont il existe des tas de bootlegs et dont le son offert ici n’est pas meilleur que certains d’entre eux, en raison d’une batterie horrible sur certains titres, comme c’était aussi le cas sur le concert d’Atlanta.

MalgrĂ© ça, on retrouve avec bonheur tous les classiques de cette Ă©poque, avec un « Sinner » qui Ă©crase tout sur son passage, un « Ripper » angoissant Ă  souhait, un « Grinder » Ă©pais comme jamais et un final Ă©tonnant sur « The Green Manalishi » plus heavy qu’à l’accoutumĂ©e.

Il n’est pas Ă©tonnant de trouver dans ce coffret Irvine ’91 dont le concert filmĂ© de maniĂšre professionnelle est disponible sur YouTube depuis 2016 et qu’un petit malin a mĂȘme sorti en DVD.

Le son est excellent, ce qui permet d’apprĂ©cier quelques morceaux devenus rares comme « All Guns Blazing », « Night Crawler », « Diamonds And Rust » ou « A Touch Of Evil ». Rob Halford est en pleine forme, ce qui s’entend lorsqu’il entame les morceaux les plus violents aux lignes de chant aigues, comme « Painkiller » ou « All Guns Blazing ».

Les deux derniers CD, intitulĂ©s Beyond Live & Rare proposent plus de live que d’inĂ©dits. Le premier dĂ©bute par « Commemorate », un morceau piano-voix peu habituel pour le groupe.

Il est suivi d’extraits de concerts. Trois plutĂŽt bons, de 1981 au Palladium de New York, trois de l’Agora Theater de Cleveland en 1987 au son grossier, puis une sĂ©rie de titres provenant de diffĂ©rents endroits, dont deux de Tokyo en 1978 : « White Heat, Red Hot » et « Starbreaker », assez sympathiques.

En revanche, on peut se demander ce que viennent faire ces versions enregistrĂ©es avec un dictaphone de « Painkiller » Ă  Sheffield et « All Guns Blazing » Ă  MontrĂ©al. C’est sans doute pour faire mieux accepter la dĂ©mo de « Mother Sun » qui clĂŽt ce coffret d’une maniĂšre peu agrĂ©able.

Le coffret est magnifique, son contenu roboratif, mais on regrettera l’absence de vrais inĂ©dits, de chutes de studio, mais en existe-t-il ?; de concerts vraiment rares ou jamais entendus jusqu’alors, voire l’inclusion de DVD reprenant les concerts sortis en VHS ou certaines images disponibles sur Youtube.

Les fans hardcore du groupe possédant déjà la plupart du matériel « Previously Unreleased » vont-ils se jeter sur lui ?

Sans doute, parce que ce sont des fans hardcore et que NoĂ«l approche. Quant aux autres, Ă  ceux qui ne connaissent pas ce groupe majeur du metal, vous savez ce qu’il vous reste Ă  faire


@Denis Labbé






Denis Labbé
Chroniqueur
A propos : [wp-svg-icons icon="point-right" wrap="i"] Ecrivain et chroniqueur, Denis a plongĂ© dans le metal dĂšs l’adolescence. Il a vite compris qu’il faisait moins de bruit en Ă©crivant qu’en chantant. [wp-svg-icons icon="lightning" wrap="i"]

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