
Dans un paysage rock souvent saturé de sons criards et de productions stériles, l’arrivée de Pacôme Rotondo et de son premier album Crimson Reverie agit comme une respiration.
Publié au printemps 2025, ce disque d’une quarantaine de minutes impose une ambiance, une vision, et surtout un ton résolument personnel.
Sans fracas, mais avec une intensité subtile, l’artiste signe une œuvre à la fois introspective et pleine d’élan. Le titre de l’album « Crimson Reverie » sonne déjà comme une promesse de voyage intérieur.
Et de fait, c’est bien de cela qu’il s’agit : neuf titres qui forment une sorte de carnet de bord émotionnel, oscillant entre éclats de lumière et pénombres douces.
Le rock de Pacôme Rotondo ne s’inscrit pas dans la tradition du rock hargneux ou dans celle du revival nostalgique. Il vise autre chose : le clair-obscur, la texture, l’émotion à fleur de peau.
L’artiste explore ici une forme de rock atmosphérique, qui doit autant à la pop alternative qu’à certains songwriters indie anglo-saxons.
Les guitares, souvent en apesanteur, dessinent un écrin dans lequel la voix douce, parfois distante vient souffler ses états d’âme.
L’album, bien qu’indépendant, sonne étonnamment mûr. Les choix de production sont sobres mais justes. Rien ne déborde, rien ne cherche à impressionner.
Et c’est justement ce qui marque : cette façon qu’a Pacôme Rotondo de faire parler le silence entre les notes, d’installer une ambiance sans jamais la forcer.
On pense parfois à des artistes comme Radiohead période The Bends, Jeff Buckley pour la tension retenue, ou même Dominique A pour la manière d’habiter l’intime sans en faire une affaire de pathos.
Si Crimson Reverie ne cherche pas les projecteurs, il les mérite. Ce disque rappelle que le rock peut encore être un territoire de sincérité et de profondeur.
Pacôme Rotondo y impose une signature, un regard, une manière d’évoquer le réel par la poésie sonore.
En ces temps d’accélération permanente, Crimson Reverie invite à ralentir, écouter, ressentir. Une qualité précieuse.
A noter aussi la reprise de Buffalo Springfield, For what’s worth, sur laquelle intervient Raoul Chichin, le fils de Fred Chichin et Catherine Ringer, des Rita Mitsouko.
- Lying in the Desert:
Un titre brisant immédiat, lourdement marqué par le hard‑rock des seventies. Les riffs évoquent les atmosphères lourdes d’un Led Zeppelin chamanique, solidifiés par un jeu de guitare incisif et puissant . Une ouverture efficace pour imposer l’identité du disque. - Moonlit Beams:
Un deuxième morceau aérien mais oppressant, avec des sonorités rappelant un Black Sabbath en apesanteur. Le jeu mène à des envolées de guitare et des riffs dramatiques, à la croisée entre pur rock 70’s et escalade mélodique . - Crimson Reverie:
Titré éponyme, ce titre est une plongée psychédélique et contemplative. C’est une longue pièce atmosphérique où la voix se mêle à un talk-over mystérieux à la Jim Morrison, soutenue par un solo expressif, wah-wah et sustain . - Hearts Burning Bright:
Un morceau énergique et mélodique, où alternent guitares brûlantes et passages organiques façon Whitesnake. Son ambiance vibrante rappelle les grandes envolées heavy‑rock enflammées des 70’s . - A Man Needs:
Une ballade acoustique douce et réfléchie, qui instaure une respiration face à l’intensité rock des titres précédents. Ambiance éthérée, presque folk, elle pose un contraste notable avec le reste de l’album . - Back From The Storm:
Reprenant le souffle du rock typique de Thin Lizzy, le titre est dense, avec des guitares virevoltantes et des soli en spirale, parfaitement calibrés pour la scène rock vintage . - Interlude 2:
Suite spirituelle instrumentale à un premier interlude de l’album précédent (World of Confusion), ce morceau explore les textures sonores et les ruptures atmosphériques, invitant à l’expérimentation en plein cœur du disque . - For What It’s Worth:
Réappropriation bluesy du classique de Buffalo Springfield, avec slide guitar et duo vocal. Une parenthèse hommage traitée avec émotion et respect, qui ajoute une dimension contemplative et partage au propos du disque . - Is The World?:
Ce titre clôt le disque sur une note mélancolique et interrogative. À nouveau épique, il se termine sur un chorus électrique qui résonne longtemps après écoute .
01. Lying in the Desert
02. Moonlit Beams
03. Crimson Reverie
04. Hearts Burning Bright
05. A Man Needs
06. Back From the Storm
07. Interlude II
08. For What It’s Worth (feat Raoul Chichin)
09. Is The World ?
Note 15/20
Stay Tuned
Doc Olivier