👉 [Chronique] – Taï Phong – Taï Phong (1975) by Denis Labbé.

4.4
(72)

Formé par les frères Kahnh et Taï Tong, d’origines vietnamiennes, Tai Phong voit le jour en 1972, mais trouve une assise deux ans plus tard, avec les arrivées de Jean-Jacques Goldman (chant, guitares et violon), Jean-Alain Gardet (piano et claviers) et Stephan Caussarieu (batterie et percussions).

Taï Phong signe chez WEA avant d’entrer aux Studios I.P. où il enregistre en compagnie d’Andy Scott (Elton Johns, Pink Floyd, David Bowie, T-Rex…) qui va mixer ce premier opus.

Œuvrant dans un rock progressif bien ancré dans son époque, le quintet propose des compositions souvent longues, qui permettent aux musiciens de développer des parties instrumentales qui oscillent entre l’acoustique et l’électrique : « For Years And Years (Cathy) » qui doit autant à Genesis qu’à Yes, ce qui se confirme sur le planant « Field Of Gold » dont certains chœurs font penser à Queen.

01. Goin’ Away
02. Sister Jane
03. Crest
04. For Years And Years (Cathy)
05. Field Of Gold
06. Out Of The Night

Malgré tout, le groupe peut aussi accélérer le rythme, comme sur « Goin’ Away », sur lequel la voix haut perchée de Goldman est aisément reconnaissable.

Les riffs sont incisifs, les changements de rythmes nombreux et le refrain facilement identifiable. Plus chaud, « Crest » est un vrai titre de rock progressif, au rythme alerte, soutenu par un orgue chaud et envoûtant. 

Taï Phong sait composer d’excellents morceaux et va d’ailleurs accéder au succès grâce au 45 tours « Sister Jane », une ballade aux chœurs éthérés, qui doit autant à Genesis qu’à Queen et à la variété française et qui permet à Goldman de prouver qu’il est un chanteur de premier plan. Il se vend à 200 000 exemplaires et atteint la vingtième place du hit-parade de l’époque.

Pourtant la pièce maîtresse de cet album est bien « Out Of The Night » qui s’étend sur 11 minutes 30. Puisant dans la discographie de Pink Floyd, et notamment « Echoes », « A Pillow Of Winds » ou « Us And Them », Taï Phong alterne les passages planants et plus rapides, en laissant surtout la place aux instruments plutôt qu’au chant.

L’album se vend à plus de 50 000 exemplaires, ce qui est presque un exploit pour ce genre de disques en France. Il va être réédité en CD en 1993 au Japon, avec deux bonus : « (If You’re Headed) North For Winter » et « Let Us Play », puis l’année suivante en France, dans sa version originale. En 1997, une nouvelle édition japonaise voit l’ajout d’un troisième inédit : « Sister Jane » en version single.

Taï Phong est un album important dans l’histoire du rock français, même s’il est chanté en anglais, ce qui ne plaît pas à Jean-Jacques Goldman.

@ Denis Labbé


Denis Labbé
Chroniqueur
A propos :  Ecrivain et chroniqueur, Denis a plongé dans le metal dès l’adolescence. Il a vite compris qu’il faisait moins de bruit en écrivant qu’en chantant.



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