🔴 [Chronique] Ratt – Detonator (1990) par Le Doc. 🔴

4.9
(29)
1. Intro (0:55)
2. Shame Shame Shame (4:32)
3. Lovin’ You’s A Dirty Job (3:14)
4. Scratch That Itch (3:16)
5. One Step Away (4:50)
6. Hard Time (3:46)
7. Heads I Win, Tails You Lose (3:59)
8. All Or Nothing (4:14)
9. Can’t Wait On Love (4:04)
10. Givin’ Yourself Away (5:26)
11. Top Secret (3:49)

En août 1990, alors que le hard rock « hair metal » commence à sentir la poudre, Ratt balance Detonator, un album au titre évocateur, comme un ultime baroud d’honneur avant que le grunge ne vienne balayer les codes du Sunset Strip.

Produit par le duo mythique Desmond Child / Arthur Payson, ce cinquième album studio marque un tournant pour le groupe de Los Angeles : plus mélodique, plus léché, mais aussi plus ambitieux, Detonator est à la fois une synthèse et une tentative de réinvention.

Résultat : un disque explosif… mais incompris à sa sortie.
Fini les riffs crades et le sleaze des débuts.

Ici, Desmond Child, le maître des refrains FM (Bon Jovi, Aerosmith, Alice Cooper), prend les commandes et insuffle une dimension plus commerciale et radiophonique à Ratt.

Les arrangements sont plus riches, les harmonies vocales omniprésentes, les solos plus ciselés.
Cela se ressent dès l’intro de « Shame Shame Shame », ouverture monumentale avec ses effets d’explosion, ses chœurs massifs et son riff imparable signé Warren DeMartini.

Le morceau aurait pu figurer sur Pump d’Aerosmith ou New Jersey de Bon Jovi. Le ton est donné : Detonator veut frapper fort… et large.


Le tube de l’album, « Lovin’ You’s a Dirty Job », est un pur condensé de glam US, entre humour grivois, refrain accrocheur et solo mémorable.

Le clip, très diffusé sur MTV à l’époque, assoit l’image d’un groupe qui tente de se réinventer sans renier ses racines.


Autre moment fort : la power ballad « Givin’ Yourself Away », où Stephen Pearcy livre une performance vocale plus nuancée qu’à l’accoutumée.

Coécrite avec Desmond Child, c’est sans doute l’un des titres les plus « adultes » du groupe, à la fois mélancolique et ambitieux.


Un équilibre entre le mordant et la séduction
Si l’album adoucit les angles par moments, il reste fidèle au mordant de Ratt sur des titres comme :
 »Scratch That Itch » : riff rentre-dedans et énergie brute à la Out of the Cellar
 »Hard Time » : riff bluesy et atmosphère plus sombre
 »Top Secret » : closer fun et légèrement kitsch, dans la veine de leurs débuts festifs

Et que dire de Warren DeMartini, toujours aussi inspiré, livrant des solos d’une grande fluidité, alliant technique et feeling avec un sens inné du style.

La section rythmique Bobby Blotzer / Juan Croucier reste solide, et l’alchimie avec Pearcy fonctionne encore, bien que des tensions internes minent déjà le groupe.


Detonator est le dernier album du Ratt classique avant une longue pause et de multiples reformations. Il marque la fin d’un âge d’or, celui du glam metal dominant, festif et conquérant.

L’année suivante, Nevermind de Nirvana changera radicalement la donne.
Malgré sa production ambitieuse et plusieurs singles solides, l’album ne rencontrera pas le succès escompté.

Pourtant, avec le recul, Detonator s’écoute aujourd’hui comme le chant du cygne d’un style qui brillait encore de mille feux avant l’obscurité.


Detonator n’est peut-être pas l’album préféré des fans de la première heure, mais il mérite sa place dans la discographie de Ratt comme une tentative audacieuse d’évolution, à la fois brillante et tragique.

Plus raffiné, plus mélodique, mais toujours sauvage dans le fond, il est le témoignage d’un groupe qui voulait grandir sans trahir son ADN.

Aujourd’hui, Detonator sonne comme un disque à redécouvrir, pour ce qu’il est : un album de glam metal ambitieux, bien écrit, bien joué, et finalement plus profond

Stay Tuned

Doc Olivier


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