Deux ans seulement après The Other One, les Japonais de Babymetal reviennent avec ce cinquième album résolument tourné vers le marché occidental et vers un metal plus extrême, comme en témoigne le nombre important de collaborations, pas moins de sept sur dix titres.
Les fans du groupe ne seront pas surpris pas cette inflexion tant ils y ont été préparés par une longue série de singles numériques et de vidéos dont certains sont déjà devenus des hits.
En tête, nous pouvons placer « RATATATA » composé par les Allemands d’Electric Callboy, qui a enflammé les festivals en 2024 avec son mélange de metal moderne et d’électro.
Basé sur une boucle, un rythme binaire, des paroles simplistes et des onomatopées capables de faire lever tout un stade, ce morceau semble avoir donné le « la » à tout cet album, comme en témoignent l’amusant « KxAxWxAxIxI » (Kawai pour ceux qui voudraient saisir le sens de cette chanson) ou le mélodique « Sunset Kiss » (avec les Américains de Polyphia), plus proche des racines du groupe japonais.
A l’opposé, Babymetal a durci sa musique en s’acoquinant avec des groupes de metalcore comme les Canadiens de Spiritbox sur le furieux « My Queen », de deathcore sur l’énorme « Song 3 » porté par les Russes de Slaughter To Prevail ou d’alternatif avec la chanteuse Poppy sur l’excellent « from me to u ».
Avec ces trois chansons, Babymetal prouve que les musiciens qui accompagnent les trois chanteuses sont de premier plan et que ses compositeurs savent se renouveler. Cela va peut-être dérouter ceux qui ne connaissent pas le fonctionnement de Babymetal, mais tout est livré à Su, Moa et Momo par des producteurs, comme c’est le cas avec les agences asiatiques.
Cela n’enlève rien aux qualités de ce cinquième album, sans doute le meilleur du groupe, qui explore de nombreuses facettes du metal, nous entraînant dans des voyages exotiques et parfois pittoresques.
Sur « Kon ! Kon ! », une nouvelle fois basé sur des rythmes et des paroles hypnotiques et répétitifs, Babymetal invite les Indiens de Bloodywood, après avoir déjà chanté « Bekhauf » l’année dernière sur l’album de ces derniers.
L’atmosphère orientale, le mélange des trois langues et les instruments asiatiques nous transportent dans un autre monde. On retrouve cette invitation au voyage avec « MetalI!! » un titre de 2023 sur lequel Tom Morello place un solo, mais qui est dominé par la présence d’un shamisen et des lignes vocales inspirées par la culture japonaise.
Le groupe n’oublie donc pas ses racines, comme on peut le découvrir sur le superbe « White Flame – 白炎 – » qui s’inscrit dans la droite ligne du metal japonais avec ses influences néoclassiques et le magnifique « Algorism » dont les touches électroniques éclairent ce morceau de power metal.
Sur ces deux chansons, les musiciens s’en donnent à cœur joie, lâchant les chevaux et prouvant leur immense technique lors de soli de haute volée.
Placé pourtant en dernière position, « White Flame – 白炎 – » est le morceau sur lequel les trois chanteuses peuvent montrer tous les progrès qu’elles ont réalisés ces derniers temps. On peut d’ailleurs s’étonner que les compositeurs ne leur aient pas proposé davantage de titres de cet acabit.
Mais ne boudons pas notre plaisir, car Metal Forth prouve qu’un concept peut fonctionner lorsqu’il est mené par des gens talentueux qui ne se moquent pas des fans. J’ai quelques noms en tête en Europe…
Un des meilleurs albums de cette année 2025.
- from me to u (feat.Poppy)
- RATATATA (feat. Electric Callboy)
- Song 3 (feat. Slaughter To Prevail)
- Kon! Kon! (feat.Bloodywood)
- KxAxWxAxIxI
- Sunset Kiss (feat.Polyphia)
- My Queen (feat.Spiritbox)
- Algorism
- メタり!! (MetalI!!) (feat.Tom Morello)
- White Flame – 白炎 –
Denis Labbé
