
En 1990, le hard rock mélodique américain est à son zénith. Quelques mois avant que le grunge ne redistribue les cartes, House of Lords livre Sahara, un disque somptueux, massif, classieux, qui incarne à merveille la grandeur du hard US de la fin des années 80.
Avec ses refrains fédérateurs, ses claviers luxuriants et ses guitares tranchantes, Sahara est bien plus qu’une simple suite à leur premier album : c’est une œuvre ambitieuse, bourrée de feeling, de mélodies irrésistibles et de musiciens de haut vol.
James Christian (chant), Gregg Giuffria (claviers, ex-Angel et Giuffria), Ken Mary (batterie), et Chuck Wright (basse, ex-Quiet Riot) forment le noyau dur du groupe, mais Sahara se distingue aussi par son casting impressionnant d’invités : Doug Aldrich, Rick Nielsen, Mandy Meyer, Chris Impellitteri, Mike Tramp, ou encore Robin Zander viennent poser leur patte sur plusieurs titres.
Résultat : une richesse de textures et de styles qui donne à l’album une dimension presque cinématographique.
Dès l’ouverture avec « Shoot », on sent l’évolution depuis le premier album : la production (signée Gene Simmons, une nouvelle fois) est plus directe, plus percutante.
Moins axé sur les claviers néo-classiques, Sahara privilégie une approche plus guitare-driven, sans sacrifier à l’élégance ni à la finesse des arrangements.
« Chains of Love », l’un des singles les plus marquants de l’album, est un mid-tempo racé, porté par une mélodie vocale imparable et des chœurs somptueux.
« Can’t Find My Way Home », reprise audacieuse de Blind Faith, devient ici une power ballad heavy et émotionnelle, avec un James Christian au sommet de son art. Son grain de voix, entre passion et puissance, est un fil conducteur essentiel tout au long du disque.
Difficile de passer à côté de morceaux comme : »Talkin’ Bout Love » : hymne hard FM pur jus, parfait pour les radios US de l’époque.
« Heart on the Line » : un titre émotionnellement tendu, intense et brillamment exécuté.
« Remember My Name » : avec ses envolées lyriques et ses refrains poignants, c’est une démonstration de ce que le genre pouvait offrir de plus noble.
« Kiss of Fire » : très heavy, presque métal, avec un solo incendiaire.
Chaque morceau semble taillé pour l’arène, les radios ou les scènes géantes sans jamais tomber dans la facilité.
Sahara n’a pas rencontré le succès commercial qu’il méritait, souffrant peut-être d’une saturation du marché à l’époque, et de l’imminente explosion du grunge.
Pourtant, avec le recul, il apparaît comme l’un des sommets du hard rock mélodique américain, à la croisée de Whitesnake, Foreigner, Winger et Journey.
La qualité d’exécution, la richesse des arrangements, et la voix d’un James Christian au sommet font de cet album un bijou de classe et d’intensité.
Moins « clinquant » que certains de ses contemporains, Sahara joue sur la nuance, la densité musicale, et une certaine forme de noblesse dans l’interprétation. Sahara est une oasis de hard rock racé, flamboyant et passionné.
À une époque où beaucoup de groupes cèdent aux sirènes de la facilité ou du glam outrancier, House of Lords propose ici un album profond, mature, inspiré.
C’est un disque qui mérite d’être redécouvert, célébré, et écouté fort très fort.
🎤 Moments à retenir : Chains of Love, Can’t Find My Way Home, Talkin’ Bout Love, Kiss of Fire
1. Shoot (5:05)
2. Chains of Love (3:26)
3. Can’t Find My Way Home (4:56)
4. Heart on the Line (4:10)
5. Laydown Staydown (4:01)
6. Sahara (5:40)
7. It Ain’t Love (4:11)
8. Remember My Name (5:03)
9. American Babylon (4:29)
10. Kiss of Fire (3:24)
Stay Tuned
Doc Olivier