
Le monde de la musique est injuste, les amateurs de metal nâĂ©chappent pas Ă la rĂšgle.
Si Asylum Pyre avait Ă©tĂ© AmĂ©ricain, NĂ©erlandais ou Allemand, il aurait dĂ©jĂ obtenu la notoriĂ©tĂ© et la carriĂšre dâEvanescence, de Within Temptation ou de Beyond the Black.
Mais lĂ oĂč lâAllemagne et les Pays-Bas sont capables de mettre en avant leurs groupes nationaux, la France ne fait souvent que les ignorer, voire leur cracher dessus. Il suffit de faire un tour sur les forums de discussion consacrĂ©s Ă nos musiques prĂ©fĂ©rĂ©es pour sâen convaincre.

2. Fighters
3. The True Crown (I Seek Your War)
4. Happy Deathday
5. There, I Could Die
6. Sand Paths
7. The Nowhere Dance
8. A Teacher, A Scientist, and A Diplomat
9. Underneath Heartskin
10. The Mad Fiddler
11. Joy
12. Call Me Inhuman
Une dizaine de mois aprĂšs la parution de ce chef-dâĆuvre, et malgrĂ© des critiques positives, Asylum Pyre nâest toujours pas en tĂȘte dâaffiche des festivals europĂ©ens et doit mĂȘme tourner en premiĂšre partie de groupes bien moins talentueux que lui, ce quâil fait depuis plus dâune douzaine dâannĂ©es dâailleurs.
Call Me Inhuman est pourtant sans conteste lâun des dix meilleurs albums de metal sortis en 2023, une Ćuvre inventive, gorgĂ©e dâhymnes imparables (« Virtual Guns » et « Fighters » est la plus belle entrĂ©e en matiĂšre de 2023), de mĂ©lodies soignĂ©es, de riffs intenses et dâarrangements intelligents, portĂ©e par des musiciens accomplis : la basse sur « The Nowhere Dance » est une merveille, tandis que le refrain nous porte aux nues.
Chaque chanson est ciselĂ©e par des orfĂšvres qui savent distiller temps forts et temps faibles pour captiver lâauditeur : le poignant « A Teacher, A Scientist, and A Diplomat » aux accents Ă la Pink Floyd dĂ©veloppe des nuances captivantes. Les influences sont savamment digĂ©rĂ©es, aussi bien musicalement que littĂ©rairement.
Leur concept de science-fiction mĂ©riterait dâĂȘtre dĂ©veloppĂ© sous forme de romans. « Happy Deathday » est un excellent exemple de ce mĂ©tissage culturel qui associe des apports jazzy au metal extrĂȘme, des lignes vocales dâune grande classe Ă des soli dignes des meilleurs guitaristes.
Chaque morceau est une nouvelle dĂ©couverte qui ajoute une perle Ă ce collier quâest Call Me Inhuman : « There, I Could Die » aurait pu atterrir sur un album dâAbba si les SuĂ©dois avaient jouĂ© du metal, tandis que « The Mad Fiddler » est une bombe de heavy rock, portĂ© par des riffs intenses et un batteur en Ă©tat de grĂące.
Quant Ă Ombeline, elle transporte chaque morceau dans des tonalitĂ©s diffĂ©rentes, tant sa voix est capable de sâadapter Ă tous les motifs et les genres qui lui sont proposĂ©s, ce quâelle fait avec talent sur « Underneath Heartskin ».
Mais ne sortons pas un musicien ou un autre du lot, car Asylum Pyre est vraiment un tout cohĂ©rent qui puise dans la musique religieuse : le poignant « Sand Paths » ou classique : le magnifique « The True Crown (I Seek Your War) » et le fin « Call Me Inhuman » sur lesquels le travail des voix est absolument divin et les arrangements dâune rare intelligence. Â
Avec Elyose et Magoyond, Asylum Pyre appartient au trio des groupes français les plus novateurs, quant Ă Call Me Inhuman, il flirte avec les sommets atteints par le Bleed Out de Within Temptation et lâalbum Ă©ponyme de Beyond the Black.
@ Denis Labbé