
S’attaquer à Kiss n’est pas une mince affaire. Sous leurs dehors évidents, voire faciles, certains titres des Américains sont de vrais pièges pour les groupes qui tentent d’en faire des reprises.
Avec ce nouvel opus des tributes brésiliens, ce constat se confirme. Le choix des chansons est parfois assez étonnant, car il manque un paquet de classiques du groupe et quelques morceaux moins connus n’en sont pas moins massacrés.
Commençons par les désastres annoncés, parce qu’on en voit venir de loin, (du Brésil, même en avion, il faut quelques heures pour débarquer).
En voulant faire de « Strutter », un titre pesant, teinté de death metal, Soul Factor s’écrase lamentablement, tant le chanteur nous offre une prestation pitoyable, sans être aidé non plus par les autres musiciens qui se vautrent avec un sens du sacrifice remarquable.
Juste après Zénite fait pire en passant « Tough Love » par le laminoir du death grind, servi par une voix oscillant entre celle d’un goret qu’on égorge et celle de Dani Filth de Cradle of Filth (qui a dit que c’était la même chose ?).
Ce n’est pourtant pas la pire prestation puisque Chaos Synopsis (certainement le groupe le plus inutile de toutes ces compilations, parce qu’il est présent sur quasiment chaque opus…) vomit un « Unholy » catastrophique, à la sauce deathcore la plus indigeste possible.
Zênite ne fait pas mieux avec son « Tough Love » pour capibaras se roulant dans la fange, tandis que le chanteur de Drowned se débarrasse de « I Stole Your Love » comme d’un discours insipide des César.
A pleurer de rire !
On passera sur les navets et les soupes que nous délivrent Tumulto avec son « War Machine » qu’auraient pu interpréter les enfants de vos voisins, Carniça et son « Love Gun » aussi essentiel qu’une cuvette de WC en fils de fer barbelés pour quelqu’un souffrant d’hémorroïdes, et Taurus avec sa version doom pour neurasthéniques sous Xanax d’un méconnaissable « A World Without Heroes ».
Bien plus sympathiques sont les reprises de Motorbastards qui transforme « Lick It Up » en hymne de Motörhead sans jamais perdre le fil, de Leviaethan qui nous délivre un « God of Thunder » rapide et chaud comme la braise, que viennent éclairer des soli pertinents, voire Vulvera qui épaissit avec talent « Heaven’s on Fire ».
Meilleure encore est la version de l’hymne « I Love It Loud » par Pastore Band qui, avec des moyens bien moindres que le quatuor américain parvient à nous emporter dans sa danse, comme c’est aussi le cas pour l’excellente et méchante version du « Fits Like a Glove » par Ancesttral, un groupe à l’indéniable talent qui œuvre pourtant d’habitude dans le thrash. Chapeau bas, messieurs.
Quelques interprétations sont assez surprenantes, comme ce « Psycho Circus » chaud comme la braise par Ossos Cruzados ou « Crazy Nights » très années 1970 par Rhasalon qui revient au son des débuts de Kiss. Une jolie découverte.
Mais la perle revient à Ignispace qui livre une interprétation pop rock éthérée de « Forever » à la manière de Robin Beck ou de la Suédoise d’Erika.
C’est frais, léger, respectueux de la version originale sans la copier.
A l’opposé, Attrachta est certainement le groupe qui copie le mieux Kiss avec un « Firehouse » qui fleure bon les premiers albums du groupe. Un vrai régal.
Brazil Rock City est une double compilation intéressante, qui aurait sans doute était mieux servie sur un unique CD et un bonus pour effrayer les oiseaux
@ Denis Labbé
01 – Vulvera – Heaven’s on Fire
02 – Motorbastards – Lick It Up
03 – Ossos Cruzados – Psycho Circus
04 – Soul Factor – Strutter
05 – Zênite – Tough Love
06 – Leviaethan – God of Thunder
07 – Chaos Synopsis – Unholy
08 – Bella Utopia – Rock and Roll All Nite
09 – Drowned – I Stole Your Love
10 – Carniça – Love Gun
CD 02
11 – Sextrash – Exciter
12 – Pastore Band – I Love It Loud
13 – Rhasalon – Crazy Nights
14 – Patria – Detroit Rock City
15 – Ancesttral – Fits Like a Glove
16 – Chemical Disaster – Watchin’ You
17 – Ignispace – Forever
18 – Attrachta – Firehouse
19 – Tumulto – War Machine
20 – Hicsos – Deuce
21 – Taurus – A World Without Heroes